À envelopper, s’il-vous-plaît

À envelopper, s’il-vous-plaît

Les pavés de la place Saint-François se noient silencieusement sous les fines averses du mois d’octobre. C’est dans les flaques d’eau que l’on devine le visage des silhouettes blotties sous leurs capuchons ou leurs parapluies. La cloche de l’église annonce un quart d’heure fatigué de fin de journée. M’efforçant d’éviter flaques d’eau et feuilles de platanes, je file en droite ligne vers la bonne odeur. Ils sont de retour, enfin, les marrons chauds. Je les achète à la dernière minute et les fais soigneusement envelopper avant d’aller prendre le LEB au Flon, pour qu’ils arrivent encore un peu chauds chez Grand-Maman. Il n’y en a pas à Echallens, alors je lui en amène souvent.

Comme d’habitude, on va s’asseoir à sa table et les dévorer, en se racontant notre journée. Elle va encore dire que j’en ai acheté trop, puis rigoler quelques minutes plus tard en constatant, étonnée, que l’on aura tout mangé.

Octobre vient d’arriver, avec ses averses et ses feuilles colorées. Je guette l’arrivée des cabanes à marrons. J’en achèterai trop et, même si je n’ai plus de train à prendre, je les ferai envelopper. Je les dévorerai et je croirai t’entendre rigoler, Grand-Maman, quand j’aurai tout mangé.

Sophie Riesen