Hiver 1790

Hiver 1790

Hiver 1790.

Un hiver glacial comme on n’en fait plus.

Un soleil pâle sur le lac Léman, la brume givrante sur la campagne autour.

Lausanne est une petite ville craquante et fumante, ça sent… le crottin de cheval.

Près de l’église St François, un jeune garçon habillé de misère, vit ou plutôt survit en racontant des histoires, pour deux sous, pour un crouton. Quel genre d’histoires ? Certes pas des contes merveilleux ; il y a bien quelques légendes apprises de sa grand-mère. Mais ce sont surtout les histoires des voyageurs qu’il colporte, les marchands, les mercenaires du Roi de France de retour au pays. Il les entend dans les pintes, le plus souvent caché sous la table. Cela parle de révolution, de liberté. En France on imprime la déclaration des droits de l’homme.

Le jeune garçon sait en faire des récits passionnants, il a du succès. Ce sont les gendarmes qui n’aiment pas. Il est souvent obligé de prendre ses jambes à son cou pour ne pas goûter de leurs bâtons. Leurs excellences de Berne ont interdit les rassemblements.

Ces simples récits : les jeunes pousses du siècle des Lumières. Les idées d’hier ont-elles formé racines ?

Et quelles histoires se raconte Lausanne aujourd’hui ?

Nicolas Noz, chocolatier