Un bon poulet

Un bon poulet

Trouver un bon poulet à Lausanne, ça peut prendre des années, voire 20 ans dans mon cas…Ce jour-là, je vis écrit dans un panneau : « poulets de Bochuz, 10.- » Je savais que Bochuz c’était une prison, la grande, la vraie. Mais je fus tentée par le prix.

En le nettoyant, je me suis méfiée un peu : il avait la peau translucide, comme après avoir subi des drôles d’expériences dans des hangars de recherche…mais je n’allais pas le jeter non plus ! Alors, je me suis dite, qu’en le cuisant, il ferait l’affaire. En là, surprise, en bouillant, une bonne odeur d’antan s’est dégagée du poulet de Bochuz. Un parfum aux soupes d’autrefois. Effectivement, ce poulet était délicieux. Mon ami a préparé un risotto aux bolets avec le bouillon exquis de ce poulet élevé par des prisonniers.
Je me suis dit, que peut-être les prisonniers pensaient aux autres « poulets », mort aux vaches ! Et ça devait les faire rire…ou le contraire…mais les poulets, les vrais, étaient un met d’exception.

Il m’a fallu 20 ans pour découvrir ces poulets. Pour certains, c’est aussi le temps passé en prison. C’est le prix à payer, dedans ou dehors, pour bien faire les choses. C’est clair : un bon poulet, ça ne s’improvise pas…

Pilar Beltrami